Radioscopie intégrale de l’affaire SAMIR depuis l’origine – réalisée par WINXO

Des enseignements utiles ?  Nous l’espérons.

Nous faisons notre part …..

Tout ce qu’il faut savoir pour essayer de comprendre comment on aurait peut- être pu éviter d’en arriver là; et quelles sont nos alternatives.

Tout ce qu’il faut savoir également sur le rôle qu’aurait pu jouer à ce niveau le secteur de la distribution des produits pétroliers et son organisation représentative.

Beaucoup de déclarations et d’analyses – dont certaines de qualité – ont été faites à propos de la Samir à la  suite de  l’annonce de sa déconfiture. Dans l’immédiateté.

Elles s’accordent toutes aujourd’hui pour la qualifier d’élément fondamental de la sécurité d’approvisionnement pétrolier du pays ; voire de sa sécurité nationale.

Pourtant cette raffinerie ne s’est pas effondrée subitement comme un château de cartes. Elle s’est défaite lentement, durant des années. D’une certaine façon, presque  sous nos yeux.

Sa déconfiture relève de causes profondes et d’une cohérence des choses.

Apparemment – en dépit de recommandations précises – personne ne semble avoir douté sérieusement ni de ses fondamentaux ni de la solidité de son potentiel de croissance dans un contexte d’importantes et durables surcapacités internationales de raffinage et de libéralisation affichée des activités pétrolières au Maroc.

Ni du sérieux, ni des capacités de management de son actionnaire dit de « référence »… sans  bien préciser laquelle.

C’est ce qui aura permis – entre autres – à cette société de bénéficier, de subventions, d’aides et surtout d’emprunts disproportionnés dont le montant semble s’être singulièrement volatilisé. L’équivalent d’une bonne partie du prix d’une nouvelle raffinerie.

Emprunts assortis de garanties dont la solidité reste parfois à démontrer.

Manifestation d’une culture de la gestion du risque qui se cherche ?

On l’a vu : les chiffres sont accablants.

Face aux atermoiements de l’actionnaire majoritaire, les yeux restent tournés vers l’Etat et les institutions financières ; deux parties importantes de l’équation SAMIR.

La partie essentielle de cette équation reste ce qu’elle a toujours été :

La compétitivité. Derrière ce mot il y a la viabilité économique de cette raffinerie.

C’est en fonction de cela que va se déterminer tout actionnaire; en fonction également du résultat des  incontournables audits de sécurité et de danger.

Dans le contexte actuel il est peu probable que l’Etat  puisse revenir à la politique de subventions de cette raffinerie… qui avait conduit à sa privatisation. L’actionnaire majoritaire s’étant engagé à fournir – à partir de nouveaux investissements – des produits de qualité à des prix  compétitifs dans un marché ouvert à terme. En contrepartie d’un certain nombre d’avantages  et de subventions, en principe limités dans le temps.

Sauf qu’au lieu de s’inscrire aussitôt dans un schéma global positif et équilibré de raffinage, de stockage et d’approvisionnement du pays  en produits pétroliers, tel que recommandé dans la radioscopie aux chapitres « approvisionnement pétrolier du Maroc – Analyse suite incendie Samir novembre 2002 » et « Projet d’un Nouveau Schéma de Raffinage de Stockage et d’approvisionnement Pétroliers  30 Juillet 2003 »;  cette société s’était lancée tardivement dans la réalisation d’importants investissements ; pas toujours justifiés. Pour certains d’autant plus inopportuns que leur coût  apparaissait  de plus  en plus  exorbitant.

Tout en développant  des pratiques, une gestion comptable et financière, une gestion des investissements et une gestion tout court, au caractère hasardeux. Sans que cela ait pu attirer l’attention.

Il s’agit là des conséquences d’une conception inadéquate de la privatisation de cette raffinerie ; de la stratégie d’approvisionnement du pays en produits pétroliers et de  la modernisation de la raffinerie  tels  qu’ils  ont fait  l’objet d’une  convention d’investissements conclue  entre la Samir et le gouvernement le  20 Décembre 2004.

Pour toutes les raisons rappelées ici et dans la radioscopie, la Samir  semble avoir sérieusement altéré ses chances et celles du Maroc de sauvegarder  un minimum de compétitivité  de son unique raffinerie. Ironie du sort, à un moment où les marges de raffinage sont particulièrement favorables.

Alors que le secteur de la distribution est à la veille de la libéralisation des prix de ventes au public.

On aura compris qu’au regard de la multiplicité des intervenants; de toutes les données techniques, économiques, financières et juridiques  du problème; et de la perte de confiance qui en a résulté, une  éventuelle sortie de crise de cette société risque d’être longue et compliquée. Et d’autant plus aléatoire que son actionnaire majoritaire lui-même reste exposé par ailleurs à un nombre élevé d’aléas.

Mais pour grave que soit le cas de cette raffinerie, le Maroc s’en relèvera… pour peu qu’on veuille bien à présent appréhender le schéma d’approvisionnement pétrolier du pays d’une façon conforme à l’esprit des temps. Dans  un monde qui a cessé depuis longtemps d’être fini et qui exige ouverture, concertation, réflexion critique, professionnalisme et mise en  perspective globale et à long terme.

Car ce qui paraît être  fondamentalement en cause dans le cas d’espèce ; c’est notre mode de « fonctionnement » qui donne le sentiment d’être passé subitement d’un imperturbable immobilisme au plus grand désarroi; avec ses corollaires, l’inquiétude, l’urgence, la colère et le ressentiment.

Pour en rester ici à l’essentiel; ce qu’il est convenu d’appeler l’affaire Samir, semble s’être déroulée depuis  l’origine, dans un contexte général caractérisé par une absence de vision d’ensemble et à long terme dans ce domaine ; aggravée par une certaine méconnaissance du raffinage ; ainsi  que par un fractionnement et un cloisonnement des centres de décision. Ce qui a probablement conduit à une absence de souci des conséquences et contribué à interdire toute capacité sérieuse d’anticipation, de coordination et d’action.

De sorte  qu’au bout du compte, une partie des investissements réalisés par la Samir, des subventions et emprunts dont elle a pu bénéficier, auront servi à entretenir l’insécurité structurelle d’approvisionnement du pays en produits pétroliers au lieu d’en améliorer la sécurité.

HASSAN  AGZENAI

Le Président

Vous trouverez ci-après les fichiers qui documentent cette radioscopie :

1. Lettre de retrait de CMH- Winxo du Groupement Pétrolier du Maroc (GPM) le 25 avril 2001 et courriers adressés le même jour en ce sens au ministre du commerce, de l’industrie et de l’énergie, au ministre chargé des affaires générales du gouvernement et au ministre de l’économie et des finances

2. Courrier adressé le 08 avril 2002 au Ministre de L’Economie  des Finances, de la Privatisation et du Tourisme au sujet de la sécurité des installations pétrolières à Mohammedia 

3. Approvisionnement Pétrolier du Maroc – Analyse Suite Incendie SAMIR  Novembre 2002

4. Projet d’un Nouveau Schéma de Raffinage de Stockage et d’approvisionnement Pétroliers 30 Juillet 2003

5. Surcapacités de Raffinage en Europe

6. Note de Synthèse sur l’évolution de la demande nationale de carburants